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Les études portant sur l’« agentivité » (agency, ou faculté d’agir, sur le monde, les autres êtres, les structures, en les transformant ou influençant), ainsi que sur le rapport humain/objet, sont en plein essor, en anthropologie culturelle, sociologie, pragmatique du discours et études de genre, ainsi que dans les études classiques. Les enjeux sont ici à la fois explicitement scientifiques et d’une certaine manière politiques, ce qui apparaît clairement dans l’introduction et la conclusion de l’ouvrage recensé : croisant études féministes, archéologie culturelle et New Realism, dans le cadre d’une analyse littéraire rigoureuse dans l’ensemble, l’autrice, L. G. Canevaro (ensuite LC), se revendique à la fois d’un savoir « situé » et réflexif, engagé et critique, et de Sciences de l’Antiquité résolument contemporaines et (néanmoins) fondées sur une étude précise des textes homériques. Certaines ambivalences apparaissent cependant, on le verra, et les références aux études féministes pourraient être encore plus à jour : les Material Feminisms, à la suite de Dona Haraway, typiques du croisement évoqué ci-dessus, pourraient être présentés plus précisément, en rapport avec les études homériques, que dans la seule note 34, p. 28[1], et des travaux importants sur le genre comme performance et construction plutôt que comme expression (d’un sujet préexistant, stable et monophonique), ne sont pas mentionnés en bibliographie[2].

L’ouvrage, sur plus de 300 pages, est organisé en cinq chapitres analysant des figures féminines significatives, chez Homère mais aussi Hésiode (chap. 5), avec des figures masculines complexes, surtout Ulysse (chap. 3). L’ensemble est complété d’une bibliographie (p. 281-297) et d’Indices. La bibliographie est riche, mais parfois incomplète, par exemple pour les sources secondaires en français ou italien, comme il arrive souvent dans des recherches anglophones : par exemple, aucune mention n’est faite des travaux, pourtant traduits en anglais, de M. Detienne et J.-P. Vernant sur la mêtis ou de Fr. Frontisi-Ducroux sur la figure de l’artisan, ce qui prive LC de quelques concepts opératoires encore utiles, ou de figures de créateurs/créatrices d’objets intéressantes à comparer, comme Dédale ou Médée. Plus étonnant, sur le rapport entre performance et public et sur l’art comme expérience, les travaux fondateurs de J. Dewey sont plus importants que ceux de Heidegger, pourtant mentionné, lui.[3] Ce type de manque est compensé par toutes les références à des débats scientifiques vivants qu’on découvre au fil de l’ouvrage et qui ne manqueront pas d’intéresser philologues et historiens : une généalogie plus serrée et longue aurait certes pu être retracée, les études homériques balançant toujours entre innovation et tradition, ou entre précurseurs même anciens, qu’il ne faudrait pas oublier, et découvreurs, même post-modernes, qu’on ne devrait pas surévaluer, mais inscrire dans une histoire longue, de façon foucaldienne. Sur les objets et les femmes chez Homère, on pourrait trouver des réflexions intéressantes chez les commentateurs anciens, comme à chaque étape importante de la philologie classique et de l’anthropologie culturelle. Enfin, les Index of Passages et Subject Index sont bien organisés et suggestifs.

Le chapitre dit 0. (Introduction: The Proggy Mat p. 1-10) présente brièvement la problématique principale : d’un point de vue féministe, il est fréquent d’évoquer la réification des femmes, par exemple pour les captives comme objets d’échange, ou des filles et épouses soumises, dans les épopées homériques comme dans la société grecque archaïque et classique[4].Mais LC s’intéresse à des personnages épiques féminins, non pas en marge mais liminaires, par exemple entre deux statuts et fonctions sociales ; à la manière dont ces femmes (et déesses) utilisent les objets ; et à la place de ces objets (dits féminins ou masculins, parfois hybrides) dans la poétique homérique, empreinte d’« attentiveness to things ».

Le premier chapitre (How Far Are We from a Hot Bath? p. 11-54, 1. Women, Objects, Things, 2. Society and Sandals, 3. The Memory of Objects) pourrait être une introduction développée. De manière d’abord théorique, en rapport avec les notions de « cognition incarnée » et d’« agentivité », selon la multiplicité des New Materialisms, désormais au pluriel[5], puis dans le cadre des études classiques, en littérature comme en archéologie, il s’agit de l’étude non de la matérialité du texte mais des représentations textuelles de la matérialité, non pas des « choses », mais des « objets », impliquant des « sujets », ici « décentrés »[6] ; ainsi que de la relation entre objets et rôles de genre, dans une société où le don/contre-don entre membres de l’élite masculine est fondamental (cf. Glaucos et Diomède, Il.6, ou Ulysse et Eumée, Od.14). Pour LC, les objets masculins, tels le sceptre d’Agamemnon et l’arc d’Ulysse, conservent le passé pour un usage présent, selon un « continuum de mémoire » qu’induit leur histoire. Les objets féminins, surtout relevant du tissage, sont souvent « prospectifs », conservant le présent pour l’avenir, « mémorialisant », parfois comme le poète lui-même, les héros masculins : les textiles surtout impliqueraient une agentivité en devenir, précaire ou inachevée, partielle, mais aussi empreinte de créativité, productive. Les objets masculins, en bois, pierre et métal, impliqueraient une agentivité autonome, achevée, qui réduit la distance entre personne/personnage (sujet en tant que construction poétique mais aussi reflet de réalités socioculturelles) et objet. Ce résumé montre certes les risques d’une approche binaire, que déjà l’ouvrage de LC, comme ensuite, s’applique à complexifier et nuancer : les couples notionnels masculin/féminin et poétique/historique sont en relation graduée, non exclusive.

Le deuxième chapitre (The Politics of Objects p. 55-107, 1. Words and Weaving, 2. Stuck in the Middle with You, 3. Managing the House, Managing the Narrative, 4. Gathering the Threads) s’intéresse à divers modèles et paramètres de l’agentivité féminine, en partant de l’image métapoétique du tissage de paroles et de discours, figurée surtout par Pénélope, mais aussi Hélène, par exemple au chant 3 de l’Iliade, en tant que figure liminaire entre intérieur et extérieur, ou public et privé. Plusieurs personnages féminins, par leur usage des objets, surtout dans l’Odyssée, jouent un rôle crucial dans les effets kinesthésiques, voire quasi cinématographiques, de l’épopée, et dans son développement spatial et temporel[7]. Ainsi Euryclée pour l’ouverture et fermeture des portes, ou Pénélope, debout, appuyée à un pilier, ou ralentissant le temps (des événements et du récit) à Ithaque, quand elle défait sa toile, la nuit, mais aussi quand elle l’achève : c’est le lit conjugal, selon LC, qui redynamise le temps, ensuite. La binarité femme/homme n’est pas simple : d’une part, des femmes puissantes, sans tutelle masculine, capables de diriger le récit en même temps que leur foyer, agissent, à leur manière, sur la réputation des héros épiques masculins, ainsi que sur leur propre kléos, question cruciale pour Hélène ; d’autre part, contrairement à ce que disent Hector (Il.6), Télémaque (Od.1) et Ulysse (Od.21), les objets textiles, féminins, ne seraient pas liés uniquement à l’intérieur de la maison, mais aussi à une communication extérieure entre femmes, par exemple Hélène et Pénélope ou Calypso et Pénélope, par le biais d’un cadeau à Ulysse, le radeau et sa voile. La création de textiles et leur diffusion en dehors du foyer seraient un mode de communication aux enjeux finalement politiques. Cette partie de l’argumentation n’est pas entièrement convaincante, bien que suggestive, et gagnerait à se fonder sur une étude plus précise encore des textes, du moins à propos de la manière dont les femmes reçoivent et considèrent, en rapport avec le récit épique, les objets créés par d’autres, comme des messages ou des muthoi, discours dotés d’autorité.

Le chapitre 3 (Object-Oriented Odysseus p. 108-165, 1. Odysseus in the Middle, 2. Tying the Knot, 3. All Hands on Deck, 4. Here’s One I Made Earlier) se concentre sur Ulysse, singulière figure de pouvoir masculin, à l’agentivité variable, liminaire plus que centrale, créateur d’objets, en tant que tektôn, et propre, par comparaison, à faire apprécier des agentivités féminines : le héros agit et se déplace entre le monde de la guerre et celui de la paix, entre sa patrie, son foyer et le monde extérieur lointain, ainsi qu’entre le divin et l’humain. Ses objets emblématiques l’indiquent assez, comme le lit conjugal, l’arc, le voile d’Ino, le pieu utilisé contre Polyphème : ils ne développent pas son agentivité, puisqu’en tant que membre de l’élite masculine il n’en a pas besoin, mais il se singularise par le talent avec lequel il associe objets masculins et féminins et les assigne à de nouveaux usages, suivant ses besoins et son évolution personnelle. Son agentivité d’abord masculine est colorée par les personnages féminins qui l’entourent et leurs objets. Un cas typique est, au chant 8 de l’Odyssée, le beau coffre rempli de vêtements riches par la reine Arété pour Ulysse, et la nostalgie qu’il suscite, en tant qu’émotion positive et découverte de soi : cette scène inverse le rapport personne/objet, puisque c’est Ulysse, souvent en tant qu’objet, voire chose, qui passe de l’une à l’autre, après Circé, Calypso ou Nausicaa. Le chapitre se conclut par l’étude du travail manuel et des mains, comme point de contact entre personne et objet, estompant les frontières de genre : sur ce point l’identité fluide d’Ulysse se réalise dans sa capacité à remodeler les objets, comme les mots, et à en modifier l’usage. De nombreuses comparaisons, dites homériques, impliquant des objets et Ulysse, construisent aussi une agentivité dotant de traits animés des objets matériels, qui agissent alors sur le récit. Ce chapitre, muni d’analyses théoriques nuançant ce que le chap. 1 abordait, confirme à la fois que l’usage des objets est genré et qu’il dépend d’autres aspects, comme le statut social et surtout les circonstances. La notion d’intersectionalité (ou de multifactorialité)[8], qui comprend, outre le genre et la classe, l’âge, l’ethnicité, diverses (in-)capacités (qualités physiques et intellectuelles, par exemple), et, en Grèce ancienne, le caractère matériel, humain, animal ou divin, n’est pas employée par l’autrice, alors qu’elle serait utile : le féminisme ici revendiqué n’est finalement pas le plus récent, mais, en ces matières, comme dans d’autres, l’anachronisme peut être motivé, comme on sait depuis Nicole Loraux, mais aussi risqué, scientifiquement. L’étude de LC est plutôt au fait des perspectives contemporaines les plus courantes, mais souvent prudente, à bon escient.

Le chapitre 4, parfois un peu difficile à suivre (Beyond the Veil p. 167-243, 1. Uprights and Subversions, 2. Mortality and Material Memory, 3. When the Gods Move Furniture, 4. Architectural Anxieties), ne s’intéresse pas à un personnage particulier, mais de nouveau à la relation entre humains et dieux et aux limites de la mémoire. Après s’être consacrée aux Sirènes et aux Muses, puis à Circé et Hélène, déesses manipulatrices dont l’usage des objets, en particulier pharmaka et baguettes magiques, capables de provoquer l’oubli du passé ou de soi, est aussi féminin que celui des humaines, LC étudie des objets de mémoire : tapisseries et armes de bois ou métal, diverses offrandes, tombes, voire certaines femmes elles‑mêmes. La plupart de ces objets sont faillibles, inachevés, toujours en transformation, comme la tapisserie d’Hélène, ou perdus et oubliés, comme la stèle marquant l’arrivée d’une course (Il.23). En fait, la survivance des objets épiques, surtout féminins, n’est pas matérielle, mais poétique : c’est la parole épique qui en préserve la mémoire, comme LC le signale pour la coiffe d’Andromaque, la tapisserie d’Hélène, le linceul de Laërte. On peut regretter que, si l’épopée comme pratique de mémoire orale (et méta-objet ?), préservant la mémoire des objets qu’elle décrit, est une idée suggestive, on ne développe pas encore plus ici le rôle des instances féminines de parole, comme les Muses, filles de Mnémosyne, ou les Sirènes, mentionnées en début de chapitre, ou encore des magiciennes divines à divers degré, utilisant, outre les pharmaka, leur voix, dans d’efficaces formules, descriptions ou récits.

La seconde partie du chap. 4 concerne les objets que rendent immortels leurs créateurs et utilisateurs, par exemple les deux divinités liminaires[9] Athéna (qui transgresse les frontières de genre, en créant et utilisant des objets tissés, dont des voiles de navire, et des armes, comme l’égide) et Héphaïstos (forgeron boiteux, à rapprocher d’Ulysse, en tant qu’artisan pourvu de mêtis) : pour les divinités aussi, le rapport aux objets est genré, ainsi que leurs relations avec les mortel·le·s. On passe ensuite à l’épisode du Bouclier d’Achille, qui relie mémoires matérielle et épique, description d’actions et récit. On pourrait tirer plus du fait que cette ecphrasis n’est pas seulement la description d’un objet d’art, au décor très cinétique, mais surtout de sa fabrication par Héphaïstos, et que le bouclier à la fois représente le monde en tant que kosmos en mouvement et, par mise en abyme de chants et surtout de danses, l’ensemble de l’Iliade même. LC a raison d’ajouter qu’on a là un exemple de la manière dont Homère trouble la frontière entre mobile et inerte, animé et inanimé, masculin et féminin, ou divin et humain : de même, Ulysse, quand il est manipulé, voire objectifié par les dieux, en reçoit quelque chose de divin. Cette analyse est suivie par celle de deux épisodes reliant aussi divin et humain : le don d’un voile à Athéna, Il. 6, et l’usage des objets par Aphrodite, Il.3. Même les objets utilisés par les immortels peuvent faillir. Le chapitre se conclut par l’architecture comme production d’objets, par exemple la technopoiia des Achéens : ce changement d’échelle mériterait un commentaire plus approfondi, une muraille ou un palais n’étant pas le même type d’objets, aussi du point de vue du genre et de l’agentivité, qu’un vêtement ou un outil. L’argumentation pourrait se fonder plus sur l’étude de passages épiques relatifs aux espaces architecturés, à leur création et usage, du point de vue du genre, voire dans une perspective « écologique »[10]. Mais ce serait aussi l’objet d’un autre ouvrage complet, que LC semble d’ailleurs avoir toute capacité à composer dans l’avenir.

Le dernier chapitre (5. Uncontainable Things p. 245-274, 1. When Is a Door Not a Door?, 2. Cataloguing Women and Objects) revient à la relation entre femmes et objets, pour comparaison, chez Homère et Hésiode : LC parle d’« interobjectivité », ou « intertextualité par les objets », considérée comme plus efficace que l’intertextualité au sens strict, parce que reposant moins sur le texte. Ce jugement simplifie les notions d’objectivité et de réalisme, et peut poser un problème de méthode, puisque ce sont des objets représentés dans des textes et construits par la parole poétique qui sont étudiés ici. Sont surtout observés : d’une part les objets liés à Pandora dans Les travaux et les jours (sa jarre, ses ornements, la femme elle-même, réifiée, mêlant traits animés et inanimés, point à développer), en rapport avec les deux jarres de Zeus (Il.24) et celles des nymphes (Od.13), ainsi qu’avec des représentations vasculaires classiques ; d’autre part l’usage féminin des objets, dans le Catalogue des femmes, par Mestra (comme pour Pénélope, sur le thème de la richesse domestique), Atalante (figure typique d’inversion des normes de genre), Tyro ou Alcmène (et les liens féminins retenant Amphitryon, Héraclès ou Ulysse, dans divers épisodes). Tyro et Alcmène sont d’ailleurs associées à Pénélope dans l’Odyssée, 2.115-122. La conclusion du chapitre porte sur l’épisode des prétendants d’Hélène, où se révèle son agentivité supérieure, et le chant 18 de l’Odyssée, en rapport avec les stratégies séductrices d’Ulysse dans le Catalogue. La question de l’agentivité féminine (et masculine) par les objets n’est pas seulement homérique, mais typique de toute la poésie dactylique d’époque archaïque, sous ses aspects narratifs et didactiques, esthétiques et politiques, mythologiques et cognitifs. L’étude de LC traite plus et mieux certains aspects que d’autres, mais n’en délaisse aucun, même si la production de l’Iliade et de l’Odyssée comme processus artisanal et certaines figures métapoétiques, au-delà de la métallurgie dans le Bouclier d’Achille, mériteraient plus d’attention, par exemple la parole épique comme tissage, sculpture, travail d’orfèvre ou de charpentier.

La brève conclusion (6. Epilogue : Revealing Garments p. 275-280) s’intéresse à l’actuel « turning point in the gendering of Homeric studies », auquel l’ouvrage contribue lui-même, en mettant en valeur chez Homère sa « nuanced negotiation of female agency ». Enfin, en soulignant l’importance des objets, qui ne sont jamais simplement des choses, dans une épopée, LC réaffirme que priorité a été donnée ici à la représentation poétique des objets, plutôt qu’aux aspects anthropologiques, sociologiques ou philosophiques : c’est en grande partie vrai, même si, sur certains points, on pouvait aller plus loin, sur le rapport entre objets, sensations, émotions et diction homérique (métrique, style, langue formulaire, et scènes typiques, par exemple) ou encore sur la voix poétique et musicale comme création féminine.

On sait gré à l’autrice, dans un style clair, malgré quelques répétitions inutiles, surtout dans le registre théorique, d’avoir tenté de montrer, et le plus souvent réussi, comme elle s’y engageait dans son Introduction, que les femmes homériques (divines ou humaines, distinction qui aurait pu entraîner une analyse spécifique) sont extrêmement variées, dans leur mode d’action et leur usage des objets, et donc dans leur statut et leurs relations entre elles et avec les personnages masculins. On apprécie aussi le fait qu’elles soient étudiées, sans essentialisation ni binarisme simpliste, comme des personnages épiques, mis en scène, en intrigue et en fiction, dans une perspective qui ne soit pas uniquement historique ou sociologique : leurs ambivalences foncières, comme pour des personnages masculins tels Ulysse et Héphaïstos, et peut‑être plus souvent, du fait de leur genre, mais pas uniquement, rend ces héroïnes et déesses complexes et changeantes. Il n’y a pas « la femme » homérique, mais « des femmes », au pluriel, et qui plus est capables d’agir et de dire, dans le cadre des rôles féminins typiques de l’épopée, mais aussi souvent au-delà. On a évoqué quelques manques éventuels, en général liés à l’ampleur remarquable du projet et à la vigueur des débats actuels sur ces questions, mais ces rares critiques concernent une étude à la fois très réfléchie et vivante, où l’antique et le contemporain dialoguent au mieux, se nourrissant et nuançant l’un l’autre. Dans ce type d’entreprise, on voit se déployer des études classiques pouvant intéresser, en retour, les spécialistes de nombreuses autres disciplines, voire un public plus large. On attend avec intérêt d’autres travaux de la même autrice, sur ces questions comme sur d’autres.

Michel Briand, Université de Poitiers

Publié dans le fascicule 2 tome 121,  2019, p. 513-518

[1]. Voir à ce sujet, un article très récent que LC ne pouvait connaître et qui montre l’actualité de ces questions dans les études classiques les plus « textuelles » : T. Whitmarsh, « Sappho and Cyborg Helen » dans F. Budelmann, T. Phillips éds., Textual Events: Performance and the Lyric in Early Greece, Oxford 2018, p. 135-150.

[2]. Cf. J. Butler, Gender Trouble : Feminism and the Subversion of Identity, New York-Routledge, 1990, trad. fr. Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion, Paris 2005

[3]. Cf. J. Dewey, The Public and its Problems, New York 1927 (trad. fr. Le public et ses problèmes, Paris 2003), et Art as Experience, New York 1934 (trad. fr. L’art comme expérience, Paris 2005).

[4]. Sur les Grecques anciennes dotées d’une réelle agentivité, contrairement à certains clichés répandus, voir l’exposition virtuelle Sortie du gynécée, un nouveau regard sur la Grèce antique, coordonnée par S. Boehringer, N. Ernoult, V. Sébillotte-Cuchet: http://musea.fr/exhibits/show/sortir-du-gynecee/presentation.

[5]. En fait, le terme New Realism (presque autant que celui de « féminisme ») regroupe des orientations et méthodologies très variées, parfois contrastées : LC renvoie notamment à A. Gell (sur l’agentivité en art), B. Brown et B. Latour, puis S. Goldhill, J. Bennett (Vital Materialism) et L. Bryant.

[6]. Les références sont nombreuses aux publications et travaux en cours, parmi d’autres, de J. Grethlein, M. Mueller, A.-S. Noël, A. Purves, et aux Cognitive Classics (cf. P. Meineck, W. M. Short, J. Devereaux éds., The Routledge Handbook of Classics and Cognitive Theory, Oxford 2019).

[7]. Voir A. C. Purves, Homer and the Poetics of Gesture, Oxford 2019.

[8]. Cf. l’introduction de J. Rennes dir., Encyclopédie critique du genre. Corps, sexualité, rapports sociaux, Paris 2017.

[9]. L’ouvrage de référence, pour LC, est B. Pongratz-Leisten, K. Sonic, The Materiality of Divine Agency, Boston 2015.

[10]. En particulier, selon les trois types d’écologie (environnementale, sociale, mentale) définis par F. Guatari, Les trois écologies, Paris 1989.