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L’ouvrage, objet de cette présentation, est le fruit d’une rencontre internationale organisée en 2005 par le kulturwissenschaftliches Institut d’Essen sur le thème « “Empire” and “World” : Constructions of the “Self” and the “Other” in the Historical Discourse of Ancient Empires. Rome and China as Exemples ». Comme le suggèrent à la fois ce programme d’étude et le titre du livre qui en a résulté, l’ambition des participants à la rencontre a été plus précisément « to explore the conception of “Empire” with regard to the Roman and the Chinese Empires, i.e. with regard to antiquity and to two quite different regions of the world », mais aussi « to compare Roman and Chinese historiography in its relation to the “imperial” world order ».
De l’origine à l’effondrement de ces deux grands empires, celui des Césars dans un cas, celui des Qin puis des Han dans l’autre, les sujets abordés sont des plus divers et ont l’heureuse particularité d’être traités, chacun, à travers deux contributions complémentaires, l’une sur Rome, l’autre sur la Chine. Reprenant par là le principe bien connu des Vies parallèles de Plutarque, le fil conducteur de l’ensemble suit une trame chronologique déclinée en trois temps forts : la construction des empires sous la République et les royaumes combattants, l’apogée du processus sous le principat et les Qin-Han, le déclin et la chute enfin sous le dominat et sous les dynasties Wei-Jin-Nanbeichao.
Au sein de cette longue période est d’abord étudiée l’émergence des empires d’après les historiens en ayant vécu les grandes étapes, de Q. Fabius Pictor à Tite Live et de Jia Yi à Ban Biao. Suivent trois séries de contributions éclairant notre connaissance de Rome et de la Chine antiques à l’apogée de leur puissance à travers les thèmes suivants : (1) l’expression du pouvoir impérial dans l’art et l’architecture, (2) l’historiographie et la rhétorique impériales à travers les historiens de l’époque, en particulier Tacite et Sima Qian, les stèles gravées de Qin Shihuangdi, premier empereur de Chine, et les Res Gestae Divi Augusti, (3) la perception de l’espace impérial selon sa représentation géographique. Pour terminer, une dernière série d’études est consacrée, d’une part à la manière dont les historiens du moment, d’Ammien Marcellin à l’époque de Justinien et de Chen Shou à Wei Shou, se sont faits l’écho des crises de l’Antiquité tardive, d’autre part aux différentes réponses sprituelles apportées alors à ces dernières.

Fabrice Delrieux