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L’ouvrage de Stefano Conti s’inscrit dans une solide tradition épigraphique : celle du catalogue thématique – et systématique – des inscriptions se rapportant au règne d’un empereur, ce qui fournit au lecteur une précieuse documentation en marge des textes littéraires, des papyrus ou des monnaies. En l’occurrence, il s’agit d’un catalogue des inscriptions où apparaît le nom de l’empereur Julien (à l’exception des datations consulaires, pour lesquelles on renverra au canonique ouvrage de R.S. Bagnall, A. Cameron, S.R. Schwartz, K.A. Worp, Consuls of the Later Roman Empire, Atlanta 1987). Certes, le règne de Julien, assez bref (puisque, de l’association à Constance II du 6 novembre 355 à sa mort à la fin de juin 363, ne se sont même pas écoulées huit années),
permettait un tel rassemblement documentaire. Mais le grand mérite de Stefano Conti est de fournir le catalogue des inscriptions provenant aussi bien de la pars Occidentis que de la pars Orientis (exhaustivité peu évidente pour la documentation très dispersée de l’Orient romain et qui paraît avoir fait reculer Th. Grünewald, Constantinus Maximus Augustus. Herrschaftspropaganda in der zeitgenössischen Überlieferung, Historia Einzelchriften 64, Stuttgart 1990, auteur d’un catalogue des inscriptions seulement latines mais confronté, lui, il est vrai, à une grosse trentaine d’années de production épigraphique). L’ampleur du dépouillement effectué par Stefano Conti doit être saluée car elle est la condition d’un rassemblement précieux qui fournira une base à tout travail ultérieur sur le règne de Julien.
Le plan et la disposition typographique de ce livre en font un instrument d’un usage aussi clair qu’agréable.
– Une première section est composée de brefs chapitres thématiques où l’auteur va toujours à l’essentiel, facilitant la lecture : répartition géographique des inscriptions ; répartition chronologique ; classification typologique des supports épigraphiques ; suivis de deux plus longs chapitres, l’un sur la titulature impériale de Julien, l’autre sur la législation de Julien ou certains traits administratifs. Cette approche permet d’embrasser en une trentaine de pages les principaux aspects de la production épigraphique relative à l’empereur Julien. Un seul regret : des tableaux géographiques et chronologiques, voire thématiques (pour les supports ou pour la titulature impériale) eussent permis au lecteur de mieux s’approprier cette documentation maniée à merveille par Stefano Conti, par le biais d’une meilleure visualisation de l’apport des documents (St. C Conti fournit certes, dans ses développements, les chiffres et rend compte de ces aspects quasiment statistiques, mais un rassemblement « visuel » de ces données eût été encore plus éloquent).
– Une seconde section comporte le catalogue proprement dit, réparti diocèse par diocèse, puis, à l’intérieur de chaque diocèse, province par province (une carte eût agréablement accompagné la lecture, et aurait été d’une grande utilité pour les milliaires, si nombreux, qui eussent mérité d’être mis en situation, même si St. Conti consacre l’un de ses chapitres au cursus publicus). Le texte de chaque inscription est donné, avec un commentaire toujours simple et intéressant. Ce catalogue est suivi (en fin de volume) d’un très précieux cahier de photographies ou de relevés.
– Enfin, des indices multiples très développés (et point faciles à réaliser) rendent l’ouvrage très maniable et mettent le comble à la gratitude qu’un lecteur peut nourrir à l’égard d’un auteur.
La lecture de ce livre exemplaire est extrêmement aisée et stimulante : nul doute que les recherches sur Julien (et sur les empereurs du IVIVe siècle) vont s’en trouver grandement facilitées. On souhaiterait ou bien le renouvellement d’anciens catalogues, comme celui de Hüttl sur Antonin le Pieux, ou le complétement de catalogues récents, comme celui de Grünewald sur Constantin, ou la réalisation de pareilles entreprises pour d’autres règnes : c’est là la base documentaire indispensable à toute histoire d’un règne et de telles entreprises sont promises à un certain avenir bibliographique.
On ne peut donc qu’être vivement reconnaissant à l’égard de Stefano Conti pour ce travail clair, solide, d’accès facile et d’une parfaite maniabilité (la qualité d’un tel livre est éclatante dans la mesure où l’on est toujours à même d’y trouver ce qu’on peut venir y chercher). Ce travail constituera désormais un pilier des études sur le pouvoir impérial au IVIVe siècle.

François Chausson