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Le traité hippocratique Nature de la femme (Littré VII 312-430) n’offre pas de théorie médicale, mais propose en revanche un aperçu des pratiques gynécologiques du Ve siècle. Florence Bourbon, qui lui a consacré sa thèse de doctorat sous la direction de Jacques Jouanna, en offre désormais une édition critique, pourvue de nombreux commentaires à la fois philologiques et médicaux. Une longue notice précède le texte et étudie, dans une première partie, la structure et le contenu afin de dégager les rédactions parallèles des deux étapes du traité avec les autres écrits sur ce thème, notamment en comparaison avec Maladies des femmes. Florence Bourbon montre que, loin d’être une simple compilation, le traité a fait l’objet d’une construction bipartite équilibrée, avec trois subdivisions qui en font une composition originale, faute de sembler logique. Les cas se succèdent sans lien apparent et le schéma d’exposition des fiches obéit, dans l’ensemble, à l’ordre suivant : identification de la maladie, sémiologie, thérapeutique et pronostic. La présentation et l’analyse méthodique du contenu et de la syntaxe des 109 chapitres permettent de poser l’ancienneté du texte, car il date vraisemblablement du début du IVe siècle, avec des éléments remontant aux années 440-420. Avant d’aborder la présentation détaillée de la tradition du texte, une deuxième partie de l’introduction pose la question de la gynécologie comme spécialité médicale et conclut que si certains remèdes sont spécifiques, le médecin hippocratique demeure avant tout un généraliste.
Plusieurs tableaux récapitulatifs résument clairement le propos, un lexique classe les substances de la pharmacopée selon l’origine animale, végétale ou minérale, enfin un index des termes botaniques français et un autre des mots grecs complètent utilement cette publication qui ajoute ainsi un nouveau volume à l’édition des traités du Corpus hippocratique dans la Collection des Universités de France, outil précieux et fondamental pour la connaissance du savoir médical des Anciens.

Evelyne Samama